Comment skier classe et cool? Comment ne pas sentir l’autochtone qui ricane dans votre dos? Vaste problème.
1 L’équipement
La tendance est, on le sait, au carving: le ski court et taillé. Les planches de trois mètres de long signent donc le touriste préhistorique. Idem pour le monoski, «ringardisé par le surf à la vitesse d’une avalanche», grince Olivier. Ou «les chaussures avec les boucles à l’arrière», rigole Raphy.
Notez que le matos de pointe peut desservir itou. «Parfois, tu souris un peu quand tu vois un type équipé comme s’il partait en Antarctique», raconte Ouille. «Le vrai freerider, avec les skis double spatules et la sonde de détection d’avalanche… accrochée au sac. Le sac, c’est justement le premier truc que l’on perd dans une avalanche.» Généralement, l’ostentatoire nuit. «Les gens qui ont 10 000 balles en planches et chaussures ont tout intérêt à skier correctement, s’amuse Alex. Certains descendent en chasse-neige.»
2 La tenue
Les montagnards sont unanimes: la combinaison une pièce, «ceintrée à la taille, avec des couleurs fluo bien pétard», c’est fini. Particulièrement si elle est associée «au cache-oreilles en poils jaunes», se gausse Raphy. «Le fuseau moule-boules, même s’il revient en force, ça ne le fait pas forcément non plus», note Claire. «Mais ce qui est super à la mode et nous fait bien rire, c’est la doudoune Moncler. Ah, la doudoune Moncler: le nouvel uniforme des élégantes.» Rédhibitoires aussi «les jeans avec les guêtres», assure Muriel, goguenarde. Raphy confirme: «Surtout qu’après trois gamelles, les jeans sont trempés comme si leur propriétaire s’était fait pipi dessus.» Pas très glamour, certes.
3 Le style
«Les gens qui godillent encore, les skis tous serrés, en tortillant des fesses dans leurs fuseaux, c’est un spectacle qui égaye toujours la journée», raille Alex. La godille, c’est donc überkitch. La gesticulation aussi. «C’est marrant: les mauvais skieurs font toujours plein de mouvements inutiles, avec le derrière, les bras, le torse», observe Ouille. «Le plus drôle, c’est ceux qui lèvent très haut le bras pour planter leur bâton dans la neige», jubile Raphy. «Ou qui font le balancier avec le thorax à chaque virage.» Sans oublier «les bâtons relevés à la verticale dans le dos pendant le schuss: trop marrant». Oups, on se
surveillera.
Plus inquiétant: la disgrâce des virages. Oui, vous avez bien lu. Les virages n’ont plus la cote. «Faire des virages, c’est accepter la défaite!» s’esclaffe Alex. Plus sérieusement: «La tendance est aux courbes amples plus qu’à l’épingle à cheveux frénétique comme naguère», tempère Ouille.
4 L’attitude
Nous voilà équipés et stylés. Reste à savoir se tenir sur les blancs pâturages. «Disons que dans les files d’attente au remonte-pente, on repère souvent les vacanciers à leur impatience et au niveau sonore de leurs conversations», sourit Olivier.
«Grégaires et bruyants, avec tous le même anorak sur le dos, acheté en solde», continue, sardonique, Alex. «Quelques-uns sont prêts à tout pour rentabiliser leur abonnement», ajoute Ouille. «Comme de skier dix heures dans le brouillard, en hurlant au restaurant parce qu’ils ne sont pas servis assez vite.»
Se fondre parmi les rudes indigènes, c’est donc aussi la boucler un tantinet. Et se garder des excès de mondanités démonstratives. «Sur les pistes, il y a le style Je connais tout le monde: bisou, bisou, salut, salut, un peu comme Thierry Lhermitte dans Les bronzés font du ski», observe Claire. «Les pistes, c’est comme la plage: un lieu de drague pas forcément très subtile.»
5 Quoi d’autre?
Non, ce n’est pas tout. A éviter encore: «Le mâchonnage de chewing-gum compulsif», «La breloquerie bling-bling», «Le décolleté quand il fait -15 °C», «Le protège-nez en aluminium», «La clope balancée depuis le télésiège.»