Voilà la période des fêtes et vous vous demandez pourquoi personne ne vous a invité pour le réveillon ni pour un autre repas et depuis si longtemps ?
Moi je vais vous raconter la dernière fois où vous êtes venu dîner chez moi ......
Déjà, vous êtes arrivé en avance et tout heureux de m'offrir une bouteille de champagne, me faisant l'affront de supposer que je n'en avais pas. Mais ça partait d'un bon sentiment et je vous ai excusé.
Comme je suis poli moi, j'ai ouvert en votre honneur cette bouteille qui n'était pas assez fraîche et gâchait le goût, mais comme vous n'en avez pas, vous ne vous en êtes pas rendu compte. Moi par contre, j'étais gêné de vous entendre aspirer le breuvage et comble du comble entre deux gorgées de mâcher les canapés la bouche ouverte (canapés au foie gras que vous appeliez tartines au pâté !)
Et puis nous sommes passés à table et bien sur, vous n'avez pas attendu que le maître de maison soit assis pour vous attaquer au consommé d'asperges en faisant des grands schlurfff et, pour ne rien laisser perdre de cette "trop bonne poupoute à mémé" vous avez fini en levant l'assiette comme un bol et en faisant dégouliner le liquide sur vos commissures.
Pour patienter entre les plats vous vous êtes appliqué dans la fabrication des boulettes de pain que vous avez utilisées ensuite pour saucer votre assiette.
Les coudes sur la table ou mieux, les mains sous la table, mais la bouche encore pleine, vous n'avez pas hésité à entamer une conversation politique et religieuse qui à mis tout le monde mal à l'aise.
Par chance, l'arrivée du plateau à fromage a coupé court à ce calvaire et vous vous êtes jeté sur le Livarot, enfin sur ce que vous avez considéré comme un bon "calandos", que vous avez coupé avec votre couteau et enfourné directement dans votre bouche avec la lame. Et comme de nouveau vous étiez assoiffé, vous n'avez pas hésité à vous servir vous -même, passant le bras devant votre voisin et renversant son verre par la même occasion. Mais quelle importance, pour vous, un Château Petrus millésimé, ce n'est jamais que du picrate pour les Bourges.
Au dessert, vous n'avez pas résisté au plaisir sensuel de tripoter l'omelette Norvegienne, ruinant les efforts que j'avais fait pour la réussir.
Et bien sûr, à la fin du repas, vous avez très minutieusement replié votre serviette.
Le lendemain, trop ivre sans doute, vous avez oublié de m'envoyer des fleurs en remerciement.
Moi oui, je vous remercie, je vous avais invité par politesse, maintenant je ne vous dois plus rien !!!