Petit week-end chez ma soeurette...
Départ tranquillou billou vers 10H30...Il me faut une heure pour y aller par des routes départementales sinueuses bordées d'arbres aux couleurs de l'automne. En plus il fait un soleil magnifique. Je roule hyper peinard (pas plus de 90 km/h hors agglomération et les 50 réglementaires dans les villages). Je ne suis pas pressé...Je regarde la nature autour de moi, c'est joli le vert des sapins et les ocres- rouges des feuillus.
En sourdine un CD de Chris Réa qui me joue solo "Curse of the traveller" pour enchaîner sur "Windy Town"...Trop top, j'enfonce la touche "repet"
La voiture est confortable, le moteur ronrone, je sens organza le parfum de ma marquise qui imprègne les sièges et mes pensées s'envolent
Il est 11H30 lorsque je franchis le portail, les graviers crissent sous les pneus, je note que la tonnelle a pris une teinte rouille et que la balancelle n'est plus à sa place, sans doute déjà rangée depuis l'arrivée des mauvais jours.
Ma vieille maman est sur le perron en grande conversation avec Brutus (le chien du voisin) un bâtard Berger Belge croisé avec une brouette et un monte charge qui la regarde attendant son gâteau journalier (le chien pas le voisin). Ayant reçu sa pitance, il vient me faire la fête puis se sauve vers le logis de son maître.
Maman m'embrasse (89 ans en juin dernier) puis me repousse pour mieux me regarder de son oeil malicieux...
- Tu veux un café ?
- Non m'man il est trop tard !
- Un apéritif alors ?
- Non m'man, il est trop tôt !
- Bon alors règle moi l'heure du magnétoscope, je n'y arrive pas.
Nous discutons ainsi de choses et d'autres, je prends des nouvelles de la famille, des voisins, des gens du village et j'ai droit à la rubrique nécrologique des derniers disparus dont l'identité n'éveille en moi aucun souvenir.
12H30... Il est temps de parcourir les 6 derniers kilomètres pour rejoindre mon village natal et la maison de ma soeur. Le bourg apparaît brusquement au détour d'un virage. Logé au creux d'un vallon on remarque immédiatement son église massive avec sa tour carrée.
Rien n'a vraiment changé ou presque...Je retrouve mes souvenirs d'enfance, de mes premiers émois, de mes 18 ans et cette décision de partir. A chacun de mes retours, c'est toujours la même chose...Je regarde sans rien dire, l'oeil dans le vague, l'esprit ailleurs.
Je mesure alors le chemin parcouru entre le gamin saute ruisseau un peu rebelle que j'étais et l'adulte que je suis devenu.
Mon beau-frère nous attend devant l'entrée du garage. Il se fend d'un grand sourire dont il est coutumier et part dans une explication très technique sur le nouveau portail électrique qu'il vient d'installer et joignant le geste à la parole nous sert illico un démonstration d'overture fermeture à coups de télécommande.
Ma soeur est aux fourneaux, je lui offre des fleurs et je glisse dans les mains de mon beau-frère une bouteille de champagne millésimée dont j'avais pris la précaution de me munir avant mon départ.
Ca sent bon la cuisine...
La suite au prochain numéro !